Région et réseaux en mutation

Le Maghreb, espace en recomposition

par Nadir BOUMAZA*

Texte présenté au colloque du GRERBAM, Rabat, 2005

Résumé

La Région Maghreb qui constitue une entité géo-historique bien marquée au sein de l'espace méditerranéen, a évolué avec les indépendances comme un ensemble d'Etats segmentés. Des mutations importantes ont eu lieu depuis les années 80 qui ont fait évoluer les structures et réseaux mis en place pendant la colonisation et que les Etats indépendants avaient inscrites dans des espaces relativement fermés. Divers facteurs endogènes et exogènes ont contribué à modifier ainsi les hiérarchies territoriales, les jeux d’acteur et les modes de combinaison entre le formel et l’informel, l’économique et le social, les groupes et individus et le territoire, dans un contexte de recomposition sociale ouvert sur l’international.

Mots clés : Maghreb, réseaux, mutations territoriales.

Les questionnements sur les grandes mutations socio-spatiales contemporaines participent de l’interprétation des processus de mondialisation qui génèrent des inquiétudes et des angoisses sur l’avenir des sociétés les plus faibles et sur la maîtrise sociale des destinées collectives. Ils peuvent également être formulés en termes de vérification des certitudes négatives et pessimistes, relatives au dépassement des inégalités structurelles qui organisent le monde depuis la conquête de l’Amérique. La nouvelle économie monde dans laquelle s’inscrit le bassin méditerranéen, mérite amplement un examen des transformations et de perspectives de relation entre espaces et sociétés, entre échelles et niveaux territoriaux.

Sur les processus : le croisement de logiques différenciées

La Région Maghreb qui constitue une entité géo-historique bien marquée au sein de l'espace méditerranéen, a évolué avec les indépendances comme un ensemble d'Etats segmentés dont la relation avec l'extérieur a été beaucoup plus orientée par la structuration coloniale qui a généré les flux migratoires et des échanges privilégiées, que par des échanges entre les nouveaux Etats. Ce marquage significatif de la longue durée de l’époque moderne, a interféré avec les grands changements contextuels ouverts avec la crise du fordisme. Débouchant sur une nouvelle période historique, celle ci a prolongé la marginalisation de l’espace méditerranéen dans le mouvement de globalisation.

La re visitation du cadre interprétatif des changements s’avère de plus en plus nécessaire avec les perspectives offertes tant par le déroulement des processus matériels dans leur interaction avec l’organisation politique du monde que par les révoltions multiples opérant dans la connaissance des phénomènes physiques, biologiques et cognitifs[1]. Il s’agit en effet d’identifier et de mettre en relation deux échelles de phénomènes contemporains en se dégageant des idéologies de la détermination par des forces et des logiques immanentes au monde et à l’histoire, pour regarder les perspectives résultant du mouvement contradictoire des sociétés et des groupes humains.

Si en effet les évolutions matérielles, socioéconomiques, culturelles et sociopolitiques, font apparaître la puissance de grands groupes financiers et des grands pôles de la mondialisation dans la direction de secteurs importants de la finance, des technologies, de l’information et de la production, il reste à prendre la mesure et les effets des processus de la mondialisation. C’est qu’en effet la « révolution électronico-télématique » (Françoise CHOAY)[2] et le déploiement à l’échelle de la planète, ouvre l’espace des changements avec cet exemple majeur de la formidable entrée de la Chine, peut être demain encore celui de grands ensembles géo-politiques (Inde, Amérique Latine), dans l’arène internationale de la production, du commerce et de la formation des hommes. Tout comme apparaît incertaine c’est à dire indéterminée, l’organisation de la production mondiale, il reste à envisager quelle que soient les forces des capitalisations et avancées des sociétés actuellement dominantes, les multiples effets possibles des révolutions en cours, telles que portées par les délocalisations et relocalisations sur la destinée des individus, des cultures et des territoires.

C’est pourquoi, il importe de considérer les processus de mondialisation non pas comme une force mécanique à subir mais comme un bouleversement orienté par les interactions entre facteurs et forces endogènes et exogènes des sociétés dont les frontières et limites se ferment et s’ouvrent dans une porosité croissante. La vitesse de diffusion planétaire, la diversité croissante des champs de transformation matérielle et immatérielle et leur force exponentielle pénètrent les sphères du public, du domestique, du privé et de l’intime. Elles concernent la production, la morale, la parenté et les relations interpersonnelles remettant en cause les structures , les modes de vie et les identités.

Les phénomènes concernent bien évidemment les individus, les groupes, les sociétés et les pays de façon différenciée, inégale et temporalisée. Les bouleversements qui peuvent être programmés, se déroulent également de façon inattendue de sorte que se combinent dans le temps et dans l’espace et de manière imbriquée, des déterminations qui évoluent en contraintes et des ouvertures qui rencontrent ces dernières en même temps que les opportunités.

- Il découle de ces conditions, des possibilités et des nécessités de connaissance des processus du changement dont les représentations ne manquent pas de convoquer des présupposés et des clichés générés tout autant par les positions d’intérêt, de motivation et d’information. L’image dominante de la mondialisation est ainsi souvent donnée à penser comme phénomène extérieur commandé depuis un centre mondial localisé ou non ; appuyée sur des technologies, elle apparaît comme une menace destructrice des sociétés. Cette perception conjuguée aux évolutions matérielles (paupérisation et précarisation) et sociales (déstructuration et restructuration des communautés ), contribue fortement à la production des angoisses collectives qui génèrent ou régénèrent des idéologies et mouvements extrémistes et radicaux de différents types.

La connaissance des transformations et des potentialités locales est ainsi l’une des bonnes manières de mesurer et d’examiner les ressorts et effets locaux de la globalisation et de permettre l’identification des dynamiques locales et individuelles.

- Pour des raisons tenant à la prégnance de la géographie christallerienne, on oppose couramment réseau et espaces au point de considérer que les logiques réticulaires détruisent les territoires qui sont pris comme espaces aréolaires. Cette opposition factice rejoint la réduction des faits géographiques à des faits à fondements topographiques continus plutôt que topologiques.

- L’examen de la relation entre réseau et espace permet précisément de revoir à partir des nouveaux vecteurs de l’échange et de la communication, les modes d’organisation des territoires et de polarisation ainsi que les processus de localisation et/ou de redéfinition du local.

Un monde différent où interagissent les changements « macro » avec les niveaux « micro »[3]

La réduction du rôle des Etats dans le contrôle de sociétés qui s’est traduite dans les désengagements de ces derniers en matière de protection sociale, celle de « l’Etat providence », a eu pour corollaire des mouvements de restructuration des rapports entre individu, communauté et société. Les sociétés occidentales ont vu s’opérer des replis ou des constructions des individus vers l’espace domestique d’une part et une activation des solidarités de groupes anciens et recomposés sur des bases communautaires, corporatives ou résidentiels qui ont rendu nécessaire la redéfinition des identités locales et individuelles. L’économie dans ses formes complexes mais aussi élémentaires et la vie sociale dans ses déploiements privés et collectifs

Nous examinerons pour cela quelques indicateurs des transformations en cours au Maghreb , ces indicateurs portant sur le champ des relations entre espace, réseaux et gestion de l’espace territorial :

1- Quoique plus rare au sud de la méditerranée, l’eau agit, certainement du fait de cette rareté, de façon moins structurante que dans des espaces de plus forte abondance, où elle impose une action de régulation et de transformation.

Quoique plus rare au sud de la méditerranée, l’eau agit certainement du fait de cette rareté, de façon moins structurante que dans des espaces de plus forte abondance ou elle impose une action de régulation et de transformation.

Les programmes hydraulique ont été particulièrement développés au Maroc avec les grands barrages, érigés à partir du modèle et de l’expérimentation coloniale. En mobilisant l’eau par les barrages, ces politiques publiques ont séparé les activités agricoles et économiques, des usages domestiques de plus en plus imposés et recherchés dans les modes de vie urbains. Elles ont ainsi abouti à faire prévaloir une division territoriale aussi ségrégative que « complémentariste » dans laquelle les systèmes de production « modernes » ont prévalu sur les systèmes paysans et locaux. Car dans les régions de pluviométrie limitée, les prélèvements amont des bassins ont eu plus encore que dans des pays et écosystèmes humides, des effets destructeurs de l’utilité sociale et symbolique des techniques, des savoirs et des produits de l’irrigation traditionnelle. La mise en place de réseaux et de systèmes de mobilisation et de distribution de l’eau est aujourd’hui confrontée à la forte demande d’eau urbaine. La territorialisation hydraulique[4] s’organise par exemple dans la région du Haouz, à partir de la ville qui redéfinit la relation avec l’ensemble de son aire d’influence et d’approvisionnement, en fonction de la compétition qui se fait entre villes et avec le monde agricole. De nouveaux réseaux matériels se constituent pour la collecte et la distribution de l’eau, qui s’inscrivent dans les dispositifs sociaux et territoriaux développés avec le fait urbain. Ils aggravent les déséquilibres ouverts par la grande hydraulique et mettent en relief les risques de pénuries dans le pays du Maghreb le mieux pourvu en eau.

La pression urbaine génératrice de concurrence et défavorable à l’agriculture traditionnelle, impose une régulation dans laquelle prévalent d’une part les pouvoirs urbains et d’autre part les pressions des institutions. Mis en place par ces politiques de mobilisation hydraulique, dans un contexte de pénurie de ressources et de paupérisation aggravée par la croissance démographique et par la faible redistribution sociale des ressources, les organismes hydrauliques ont évolué vers des logiques de maintien et d’auto-reproduction ; ils disposent en effet de pouvoirs vis à vis espaces et des sociétés montagneuses, des agriculteurs modernes et des villes, et organisés depuis les administrations centrales vis à vis desquelles elles se sont autonomisés du fait de leurs pouvoirs et prérogatives.

Menacées par la privatisation dans leurs intérêts corporatifs, ces organisations tendent à gêner par la faiblesse de leurs dispositions, à la mise en œuvre de la réforme de la gestion de l’eau. Pour autant les réponses nécessaires à la construction d’un nouvelle socio-économie de l’eau qui intégrerait les valeurs symbolique, sociale et économique de l’eau, appellent une redéfinition de l’allocation de l’eau et de la préservation des équilibres par une gestion partagée des systèmes hydrauliques.

Spécifique à une région, cet exemple permet d’identifier des mises en relief des difficultés de réalisation de réformes et d’ouverture des modes de gestion et de gouvernance. Il indique une des formes d’inscription des systèmes étatiques dans la société qui rappellent la complexité des relations entre Etat, société et territoire et qui peut être retrouvée dans la gestion urbaine et territoriale conduite par les Etats, à partir des modèles antérieurs, plus centralisés.

2- Les réseaux productifs

Les mouvements de libéralisation qui se sont généralisés au Maghreb, depuis les années 80, au dépens de l’économie d’organisations contrôlées par les Etats, ont rencontré au Maghreb les deux grands types de réseaux traditionnels.

Ceux des bourgeoisies traditionnelles, ont été constitués pendant la période coloniale et réorganisés après les indépendances. Celles ci ont notamment permis à ces bourgeoisies dominantes au sein des pouvoirs principalement au Maroc et secondairement en Tunisie, de reprendre le négoce européen et de s’implanter dans les capitales tout en gardant leurs bases régionales, Fès et secondairement Marrakech, au Maroc, Constantine, Tlemcen et les villes anciennes de l’Algérois, en Algérie, Sfax en Tunisie.

Le second type de réseaux également ancien, celui de groupes régionaux (Souss au Maroc) ou de communautés minoritaires, relativement ségrégées à la manière des communautés juives (Mozabites en Algérie, Djerbis en Tunisie), maîtrisait des créneaux spécialisés comme l’épicerie, la boucherie, les étoffes (Mozabites), le négoce de l’huile et des produits alimentaires (Soussis), la patisserie et la restauration (Djerbis). Ces réseaux se sont développés à la faveur notamment de l’émigration traditionnelle, interne aux pays et au Maghreb (Djerbis en Tunisie et en Algérie puis en France et en Italie, Soussis au Maroc, en Oranie puis en Europe). Elles ont investi de nouveaux créneaux plus modernes comme l’industrie, la finance et les services.

Plus largement les pays du Maghreb ont vu se constituer trois autres types de milieux d’affaire qui croisent ces réseaux traditionnels :

- Des milieux d’affaire, développés à partir de réseaux de notabilités familiales contemporaines, des alliances avec des agents de l’administration et de l’Etat (douane, grands organismes de commerce, de production semi-indutsrielle et de service notamment), ont bénéficié de l’instrumentalisation des appareils étatiques et politiques dominants et des marchés captifs contrôlés par l’Etat pour se développer aux échelles nationales et internationales.

- - « l’économie circulatoire » des migrants à l’étranger décrite par de nombreux travaux notamment ceux de Alain Tarrius et de Michel Peraldi, constituent un autre facteur décisif de la transformation économique et sociale des pays du Maghreb. Ils se sont structurés à partir du « va et vient » traditionnel des premiers migrants (travaux de Abdelmalek SAYYAD) et principalement à partir des changements opérés avec la crise du système « fordiste » qui, avec la fermeture des frontières aux migrants a valorisé la position des migrants installés. Le chômage massif subi par ces derniers avec la chute de l’emploi industriel les a amenés à instrumentaliser leur position ( possibilité de circulation, connaissance des appareils commerciaux européens et inscription dans les réseaux diasporiques traditionnels) par le portage et la remise de produits dans les cycles marchands dans les places marchandes européennes et maghrébines. Se déplaçant sur des milliers de kilomètres en avion, en voiture, en bateau et en autocars, ils effectuent des transactions en utilisant « les différentiels de territoires »[5], « faisant réseau » des marchés, créant des marchés, développant des liens sociaux hiérarchisés et négociés en fonction des ressources, des dettes, des obligations et des opportunités.

- De nouveaux corps se sont également constitués avec le libéralisme autour de la dynamisation de marchés (construction, équipements, finance, information, telephonie, ..) et grâce aux restrictions de la circulation internationale qui donnent là aussi des avantages de position à des nationaux ayant effectué des études en Europe et aux Etats unis, et formés aux nouvelles technologies et à la culture internationale .

Ces interactions entre réseaux et transformations des économies et des sociétés maghrébines d’une part, internationalisation des échanges et mutations technologiques participent à de profondes réorganisations des territoires. Les grandes aires métropolitaines exercent des fonctions directionnelles et attirent investisseurs, gens d’affaire et nouveaux migrants. Elles sont en relation directe ou indirecte avec des places marchandes secondaires tournées vers l’international (villes aéroportuaires et portuaires). A l’intérieur des pays des espaces se sont singularisés grâce à leur position frontalière entre les trois pays, de par et d’autre des frontières. Les réseaux de villes des strates inférieures, se particularisent soit à partir du poids spécifique des émigrés qui y ont utilisés leurs réseaux parentaux et d’inter connaissance constitués dans l’émigration, soit à partir d’investissements spécifiques liés à des activités particulières (blanchiment du trafic de cannabis dans le Rif, économie touristique des villes tunisiennes et marocaines, rôle de groupes d’affaires constitués à partir des fonctions politiques et administratives dans l’est algérien).

Echelles et niveaux de la recomposition

Les processus de recomposition territoriale de l’Afrique du nord ouest se sont inscrits dans le croisement de logiques déployées à deux échelles et niveaux différents.

- A l’échelle géographique de la région et à l’échelle de l’histoire de la formation des nations, semble avoir prévalu le niveau des Etats - Nations dont la structuration se fait en interaction avec la recomposition des groupes sociaux et des classes, à travers les compétitions pour le contrôle des richesses et l’exercice de la domination symbolique. La formation des économies et des territoires nationaux qui en a été le cadre, a généré de nouvelles polarisations sociales et territoriales par le déroulement des modes d'urbanisation et d'équipement et des politiques publiques d'investissement et de gestion sociale. Organisés selon des modèles assez similaires d'administration étatique centralisée, les territoires nationaux ont été redéfinis par les interactions entre les puissantes mutations démographiques (très forte croissance et exode rural relayé par des échanges entre strates de l'armature urbaine) et les transformations propres aux différentes économies nationales effectuées au travers de l'équipement public, du développement agricole (Maroc) et de l'économie du tourisme (Tunisie et Maroc) et de l'industrialisation (Algérie et Tunisie). A la base de ces grandes évolutions, les mouvements de réorganisation administrative n'ont pas manqué d'entraîner des redéfinitions des échelles de l'administration territoriale par la multiplication des niveaux et des échelons et par le développement de structures parapubliques d'intervention (grands établissements publics à caractère économique, financier, technique ou socio-culturel ).

Depuis les années 80, les trois pays ont connu tour à tour des remises en cause des modes d'intervention de l'Etat qui a dû abandonner sa politique de protection sociale par le soutien aux prix des produits de première nécessité et aux productions nationales (Plans d'ajustement structurel, Maroc, 1983, Tunisie, 1989, Algérie, 1993) et se délester de prérogatives d'investissement au profit des acteurs ».

A l’échelle de la globalisation et de l’ouverture des mondes, la région du Maghreb, a participé aux transformations des hiérarchies socio-spatiales par ses relations avec les pays du nord et de l’est de la méditerranée principalement. La diffusion de l’économie globale avec ses canaux et vecteurs de modernisation, engagée depuis le 19è siècle, avec la colonisation, s’y est accélérée avec la transition démographique qui a urbanisé les villes et continué de déstructurer, sinon d’achever la déstructuration des sociétés locales et des systèmes productifs agropastoraux. Les politiques de modernisation agricole et rurale inégalement portées y ont convergé avec les processus d’urbanisation, de développement des économies de service et de substitution. Les villes grossies et démultipliées ont participé à la polarisation croissante des activités économiques et sociales vers les métropoles et à l’alimentation des flux ascendants d’hommes et d’argent, et des flux descendants de biens, d’images et de technologies. Si des espaces de campagnes et de petites villes, les plus enclavées notamment, ont connu une aggravation de leur déclin, ils ont également bénéficié du développement des communications pour s’inscrire dans les flux internationaux par le biais des migrants.

En effet, la transformation et le développement des communications qu'il s'agisse des modes et moyens de transport ( l'avion et la voiture tout particulièrement) des personnes et des marchandises, l'importance des relations téléphoniques et la multiplication des flux de personnes assurent un lien régulier entre les immigrants et leurs partenaires dans le pays (parents réels ou considérés comme tels, membres de réseaux issus des mêmes localités ). Marginalisés à l’origine, ces acteurs inattendus ont développé une économie, du négoce, des réseaux et un rapport spécifique des territoires locaux desquels ils ont émigré, avec les métropoles de leurs états et des pays d’installation y ajoutant des pays tiers comme la Turquie ou l’Espagne.

Leurs localités généralement atones et soumises à des processus de déstructuration de l’économie villageoise, se sont ainsi mises à jouer des fonctions territoriales nouvelles indépendamment des hiérarchies administratives et des places centrales traditionnelles, jusqu’à abriter souvent des projets de développement. Des recompositions et combinaisons de réseaux entre groupes sociaux auparavant opposés tendent à s’y faire qui appellent des examens minutieux des redistributions de rôles et des alliances susceptibles d’orienter les positionnements géographiques dans la mondialisation.

Ce sont enfin les relations entre l’économie productive, le négoce et les organisations mises en place par les Etats, qui méritent un examen dans des secteurs significatifs et en rapport avec les déploiements territoriaux des nouvelles économies.

*Nadir BOUMAZA est géographe et sociologue, Professeur des universités, Directeur du Centre Jaques BERQUE.(2001-2005) Rabat, Maroc.

[1] Nous renvoyons aux termes et contenus des perspectives de recherche développées à l’occasion de la rencontre de prospective organisée par le Département sciences humaines du CNRS en septembre 2003, principalement dans le dépassement des divisions de la connaissance scientifique entre sciences de la matière et de la vie et sciences de l’homme en société.

[2] CHOAY, Françoise, (2001), Structures identitaires et universalité, Les Cahiers de la Ligue Urbaine et Rurale, n°150,

[3] Pierre VELTZ, (1999), Mondialisation villes et territoires, (2000) PUF, Gallimard ; Des lieux et des liens. Politiques du territoire à l'heure de la mondialisation (2002). EDITIONS DE L'AUBE.

[4] ALEXANDRE, Olivier,(2004) "La réforme de la gestion de l'eau sous l'angle territorial: exemple de la région de Marrakech, Maroc », Thèse de géographie, Université Joseph FOURIER, Grenoble.

[5] PERALDI, Michel (2003)( sous la direction de) Cabas et containers, Maisonneuve et Larose.

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Région et réseaux en mutation